L'art de voler (Antonio Altarriba et Kim)

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Au même titre que Maus ou Persepolis, L'art de voler est une bande-dessinée documentaire, publiée l'année dernière, que l'on peut même qualifier de roman graphique, comme les deux autres oeuvres citées précédemment. Ici, cependant, nous n'avons non pas un auteur-dessinateur, mais un auteur, Antonio Altarriba, accompagné d'un dessinateur, Kim.
Antonio Altarriba Lope a décidé de se suicider, à l'âge de 90 ans, en sautant du quatrième étage de sa maison de retraite. De cette mort tragique est née le récit de son histoire, écrite par son fils, grâce à des souvenirs couchés sur papier qu'il a découverts ensuite. Cette histoire est celle d'un homme qui a connu les heures les plus sombres de l'Espagne, de la chute de la monarchie jusqu'au régime de Franco, mais aussi celles de l'Europe, avec la Seconde Guerre Mondiale notamment.
 
La narration est réussie en ce qu'elle mêle habilement des anecdotes très intimes d'Antonio Altarriba père à des situations historiques beaucoup plus universelles, recette qui fonctionnait déjà avec les bandes dessinées sus-citées. Ce qui est plus étonnant, c'est qu'Antonio Altarriba fils a choisi d'écrire son récit à la première personne, comme si, en racontant l'histoire de son père, il la vivait pleinement avec lui, comme s'il donnait cette histoire à ses lecteurs sans prendre en compte le décalage d'époques et de générations existant. On est ainsi littéralement happé par la vie bien remplie de cet homme pauvre, né en Aragon, dont le seul but, dès sa plus tendre adolescence, est de fuir sa vie de campagne pour s'installer en ville et découvrir ses richesses. 
Le graphisme est lui aussi réussi grâce à la profusion de détails réalistes présents dans chaque vignette, autant pour représenter un lieu citadin qu'un lieu campagnard, une scène drôle qu'une scène grave... L'atmosphère est particulièrement bien rendue : on entre là aussi, comme pour la narration, de plein-pied dans l'Espagne du XXème siècle qui défile sous nos yeux. Et encore une fois, cette bande-dessinée est en noir et blanc, comme si la représentation de l'Histoire dans les récits de ce type ne pouvaient se faire que de cette façon : en même temps, l'absence de couleurs apporte plus de poids à la gravité et au poids des évènements racontés...
 
Une lecture que je ne regrette vraiment pas, j'ai adoré L'art de voler ! C'est en tout cas un type de récits, en bande-dessinée, qui ne m'a pour l'instant pas déçu et qui m'intéresse de plus en plus. J'espère que cela durera encore longtemps ! Mon prochain essai sera réservé à quelque chose d'un peu différent, bien qu'ayant le même but, sensibiliser aux grands évènements de l'Histoire : Goradze de Joe Sacco.

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