Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir... (J. Heska)



Nationalité de l'auteur : Française
Date de publication  :  2011
Edition : Transit
Nombre de pages : 214
Prix : 14,95 euros


Avant de lire ce roman, qui m'avait déjà interpellée par son titre et sa quatrième de couverture, je ne savais pas pour autant à quoi m'attendre précisément. 

En tout cas, je n'ai pas eu le temps de me poser franchement la question quand je suis entrée en vrac dans la vie chaotique de Jérôme, jeune homme manquant de confiance en lui, qui, de plus en plus déprimé par sa vie sociale, décide de changer radicalement sa façon de concevoir tout ce qui l'entoure, en devenant plus sociable et en s'efforçant de s'intégrer aux autres. Il note, au fil de ce changement, ses sentiments et réflexions personnels dans des carnets qui lui servent de journal. Où l'on découvre alors, dans ces carnets, que ces autres dont il veut se rapprocher sont bourrés de défauts, comme lui. Leur principal défaut est leur grande fermeture d'esprit qui fait de l'anticonformiste, comme Jérôme et ou son collègue geek Etienne, une personne qui fait peur et qu'il faut rejeter violemment, avec beaucoup de méchanceté. Cette notion de méchanceté va alors devenir le point d'orgue de tout un travail de réflexion pour le jeune homme, dans son journal, travail qui va prendre une importance à laquelle il n'aurait jamais pensé...


Derrière cette histoire, qui peut paraître d'abord on ne peut plus sérieuse, se cache en effet toute une réflexion quasi philosophique sur les comportements humains, sur l'importance que revêtent les relations sociales pour s'épanouir dans notre société telle qu'elle a évolué de nos jours. Elle pourrait donc être parfois un peu ennuyeuse si elle n'en restait qu'à cette forme sérieuse : mais heureusement, dès les premières lignes, l'on se rend compte que ce sujet sera abordé de manière "légère" et rafraîchissante. Ainsi, les personnages, même Jérôme, sont de véritables caricatures ambulantes que l'on côtoie nous aussi au boulot, qui sont parfois nos amis, petits amis, parents, frères ou sœurs... Alors forcément, on en rit facilement, ayant toujours cette sensation de déjà-vu : "Tiens, on dirait Chantal, ma collègue; elle serait tout à fait capable de réagir de cette façon...". Il en est de même des situations dans lesquelles se trouve parfois embarqué Jérôme, à qui il arrive toujours la bourde qui pourrait tout à fait nous arriver également. 

Ce que j'ai encore plus apprécié que ces tranches de vie  et personnages si vraisemblables, ce sont toutes ces petites conclusions venant ponctuer le journal de Jérôme, à la manière de proverbes qui commenceraient tous par "La vie, c'est comme...". Ces conclusions m'ont fait souvent sourire, parfois carrément rire, autant parce qu'elles sont bien trouvées que parce qu'elles renvoient à des situations ou des références culturelles qui me "parlent" particulièrement. Voici justement la première conclusion, qui m'a immédiatement plu et qui m'a donné envie de lire tout aussi immédiatement la suite : "La vie, c’est comme Mario Bros 1. On passe son temps à trimer pour ramasser des pièces, on est obligés d’avancer pour affronter de nouveaux dangers, on subit sans cesse les mêmes épreuves répétitives, le temps est limité et on finira quand même par mourir. Mais surtout, on a beau poursuivre l’aventure, la princesse est toujours dans un autre château". Je vous laisse bien sûr le plaisir de découvrir les autres si l'envie vous prend d'ouvrir un jour ce roman !

Cet récit est également servi par une intrigue originale, cohérente, sans aucun temps mort et vraiment bien écrite : j'ai lu ce roman, pour ma part, en une seule soirée, parce que je ne pouvais vraiment pas m'arrêter avant d'avoir terminé - mon sommeil en a d'ailleurs pâti - . 


Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir... est donc un roman que j'ai trouvé passionnant, très bien mené, qui se lit rapidement et de manière plaisante : d'abord parce qu'il est franchement drôle, mais aussi et surtout parce qu'il dénonce, avec énormément de dérision, les travers de notre société. Celle-ci a en effet engendré, dans nos comportements quotidiens,  des aberrations : si l'on n'est pas comme les autres, on devient d'une certaine façon celui à abattre (par l'indifférence ou le mépris, voire la méchanceté) car on n'obéit pas à des règles sociales et culturelles communes prônant la conformité et l'individualisme (surtout pas l'originalité et l'empathie pour son prochain ! ). 

Ce roman de J. Heska, ma première lecture dans le cadre de l'opération Coup de Coeur 2013, est donc une première belle découverte, avec un jeune écrivain qui a d'ors et déjà un style personnel et original, de même qu'une façon plutôt comique d'aborder le monde qui l'entoure.  Je me sens d'ailleurs très proche de cette façon de concevoir le monde, avec beaucoup d'humour et de dérision, me retrouvant fortement dans toutes les références présentes au fil du récit.
Je pense poursuivre l'aventure très prochainement avec son autre roman, On ne peut pas lutter contre le système


 

2 commentaires:

  1. J'ai passé un agréable moment avec ce livre :)

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  2. Je souhaite lire le deuxième aussi, j'ai passé un très bon moment!

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