Cyrano
de Bergerac est un mousquetaire faisant partie des Cadets de Gascogne.
Amoureux de sa cousine, la belle
Roxane, il se fait remarquer d'elle pendant une représentation
théâtrale à l'Hôtel de Bourgogne en interrompant celle-ci et en
réalisant un duel (dont les armes sont à la fois l'épée et la langue
française) avec brio. Lorsque Roxane sollicite une entrevue avec lui
à la rôtisserie de Ragueneau après ce coup d'éclat, Cyrano est plein
d’espoir, mais celle-ci lui révèle qu’elle aime
Christian, beau jeune homme qui s’apprête à entrer lui aussi chez
les Cadets de Gascogne. Elle demande à son cousin de le protéger, ce
qu'il accepte. Il va même plus loin puisqu’il conclut un
pacte avec le jeune homme, qui est beau mais peu spirituel (au
contraire de Cyrano, virtuose des mots mais complexé par son physique,
notamment son nez) : le mousquetaire va lui dicter les mots
d’amour qu'il dira à Roxane. De ce pacte va se dessiner le destin de
ces trois personnages...
Cyrano de Bergerac
est un de ces grands classiques que je veux lire depuis des années, et
que je laisse
de côté, alors qu'une après-midi suffit amplement pour l'avoir
terminé. C'est donc chose faite, et je comprends mieux pourquoi cette
pièce de théâtre est devenue un classique de notre littérature
!
C'est
un drame magnifiquement écrit, autant parce qu'il mêle parfaitement
tragique, comique et lyrisme, que
parce que les vers, surtout ceux de Cyrano, sont virtuoses : quand
j'ai lu ces grandes tirades que sont celles du nez, des non merci, ou du
dénouement, j'ai été amusée ou touchée, selon la
tonalité de chacune, mais surtout impressionnée par la grande
maîtrise de la langue française et des registres d'Edmond Rostand. Avec
cette pièce, il redonne des couleurs, plus de cinquante
après, à un genre théâtral qui s'était éteint, le drame romantique,
avec beaucoup de poésie.
J'ai
de plus trouvé que le grand personnage qu'était Cyrano de Bergerac,
homme de lettres libertin du XVIIème
siècle avant-gardiste et manquant de reconnaissance, reprenait
totalement vie dans cette pièce : elle respecte ses idées, ses manières
de faire et de dire, ce qui est aussi bienvenu de la part du
dramaturge. Ce personnage en devient plus émouvant en ce qu'il est,
tout du long, tiraillé entre son désir de liberté et son amour pour
Roxane qui le pousse à se sacrifier toute sa vie pour elle
: quelle plus belle preuve d'amour et de générosité que de tout
faire pour rendre sa bien-aimée heureuse, même si cela impose d'être
seulement spectateur de ce bonheur ?
Cyrano de Bergerac
est donc une pièce à lire, ne serait-ce que parce qu'elle donne à un
personnage trop
oublié à son époque un nouveau regard, et donc une plus grande
postérité, et que parce qu'elle est tout simplement une très grande
démonstration littéraire.
A noter que j'ai regardé, par la même occasion, l'adaptation de Jean-Paul Rappeneau, tout aussi grandiose,
autant grâce au grand respect de la pièce que grâce à l'excellente interprétation de Gérard Depardieu.
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