Nationalité de l'auteur : Française
Publication originale : 2001
Edition : Points
Nombre de pages : 96
Prix : 4,70 euros
Quatrième de couverture :
Dans le Japon raffiné du
XIXème siècle, le jeune Yuko a choisi sa voie : il sera poète,
contre l'avis de son père. Soseki, l'ancien samouraï et vieux peintre
aveugle, lui enseignera l'art du haïku. Entre les deux hommes
plane l'image obsédante d'une femme, disparue dans la neige...
Neige est ma quatrième lecture d'un récit de Maxence Fermine, après Billard Blues, Opium et L'apiculteur, et comme d'habitude, je
ressors à la fois enchantée et surprise de cette lecture.
Enchantée car Neige
est encore un magnifique récit, empreint de poésie, de sensibilité et
de magie : Maxence Fermine nous transporte cette fois dans un
ailleurs extrême oriental, celui du Japon de la fin du XIXème
siècle.
Je
trouve justement que le choix de ses chapitres concis, présents dans
nombre de ses oeuvres, correspond parfaitement à ce pays, chantre de la
concision poétique
grâce aux haïkus. Les haïkus sont eux-même omniprésents dans ce
court récit, autant dans les créations de Yuko, jeune peintre en devenir
et personnage principal, que dans l'ajout en tête de
certains chapitres d'haïkus écrits par des maîtres de ce genre
(Bashô, Sôseki...).
L'enchantement
s'explique aussi par le genre choisi : j'ai eu la sensation de lire un
petit conte, à la fois philosophique et merveilleux, qui donne à
réfléchir au
rôle des rêves et des passions sur notre vie (comment ils peuvent la
bouleverser de manière positive si l'on décide de les suivre, envers et
contre tous les carcans, notamment
familiaux).
Ensuite
surprise car au style poétique et sensible que je connaissais de cet
auteur s'ajoute cette fois une écriture parfois plus simple, plus froide
et plus distante,
très proche de l'écriture même de Yuko, le poète de la neige, et
plus généralement de celle de la littérature asiatique. J'ai ressenti un
vif contraste par rapport à L'apiculteur, récit
beaucoup plus coloré et vivant, empreint au contraire de littérature
méditerranéenne. On a vraiment l'impression que l'auteur s'imprègne
vraiment de son sujet au point de déteindre sur son style
d'écriture, ce que j'apprécie grandement !
Encore
une lecture passionnante et merveilleuse, que j'ai, encore plus que les
autres, trouvée bien trop rapide - seulement 96 pages -
!
Maxence
Fermine est pour l'instant - par rapport à ceux que je connais bien sûr
- le seul auteur contemporain qui me semble parvenir à mélanger avec
habileté une
manière d'écrire récurrente (poésie, sensibilité, concision...)
reconnaissable comme telle, et une touche d'originalité dans chacune de
ses oeuvres : on ne sait donc jamais totalement où va nous
mener son récit, et ceci pour notre plus grand plaisir...
Je
vais devoir désormais attendre de terminer ma PAZ pour acheter un autre
de ses ouvrages, n'en ayant plus en stock : l'attente va être longue !
:)
Pour
terminer cette chronique, j'ai envie de citer un passage que j'ai
particulièrement apprécié, qui est plutôt caractéristique de l'écriture
de Maxence Fermine, et
qui fonctionne presque comme un manifeste poétique :
" En vérité, le poète, le vrai poète, possède l'art du funambule.
Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème,
d'une oeuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie. Ecrire,
c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le
plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de
tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du
langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout, en une ligne continue
parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute
d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile,
pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est
l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du
rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la
corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir
un funambule du verbe."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire