Nationalité de l'auteur : Française
Publication originale : 1836-1843
Publication dans cette édition : novembre 2008
Edition :Garnier
Nombre de pages : 671
Prix : 9,90 euros
Quatrième de couverture : " Deux enfants du siècle, imbus d'idéal, de poésie et d'illusions, sont
confrontés à la rude épreuve du réel : l'un, Lucien, part à la conquête
de la capitale, où ses ambitions d'écrivain et ses rêves de noblesse se
heurtent au royaume de l'hypocrisie ; l'autre, David, reste en province
pour poursuivre ses inventions, au milieu d'intrigues ourdies contre
lui. "
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu Balzac, le dernier en date ayant été Le père Goriot que j'avais trouvé incroyable, d'une facilité de lecture impressionnante.
Illusions perdues a été au contraire un véritable challenge : j'ai vraiment eu beaucoup de mal pendant toute la première partie, où une simple action - Lucien Chardon, jeune homme de milieu modeste épris de poésie, devant se rendre chez Mme de Bargeton pour réaliser une lecture de ses poèmes - demande toute une série d'explications et de descriptions sur le monde de l'imprimerie (l'ami de Lucien, David Séchard, étant devenu le propriétaire de l'imprimerie de son père) et sur la vie d'Angoulême. Par trop de précisions, Balzac m'a perdu et vraiment ennuyé dans les méandres de son style parfois trop encyclopédique.
Je ne me décourage pourtant pas pour si peu, surtout quand je lis un classique (habitude de la fac quand il faut lire un bouquin un peu pénible mais sur lequel on passe un partiel), j'ai donc persévéré jusqu'à la deuxième partie et le départ de Lucien - devenu de Rubempré, nom de sa mère et plus adapté - pour Paris, avec Mme Bargeton, son mécène devenu sa maîtresse. Le but de ce voyage étant bien sûr, pour lui, son ambition littéraire : il veut en effet devenir un écrivain célèbre, ce qui est impossible à Angoulême. Commence alors son ascension un peu laborieuse, mais le menant au succès, jusqu'à sa chute magistrale, et son retour honteux à Angoulême chez David, devenu son beau-frère et celui à qui le jeune homme ambitieux a contracté des dettes.
Se dessine alors toute la problématique de la troisième et dernière partie : le remboursement de ces dettes sans mettre à mal la vie de la famille Séchard/Chardon, entraînant de nouvelles désillusions jusqu'à la fin du roman.
Ce roman porte donc bien son titre puisque pour les deux jeunes hommes épris d'idéal, la chute va être très violente et les illusions qu'ils se faisaient de leur monde (la littérature et la vie parisienne ou l'imprimerie) vont bien vite être mises à mal, surtout pour Lucien. Celui-ci, dans toute sa naïveté provinciale, va tomber de très haut en découvrant que pour réussir dans ce milieu qui lui tient à cœur, il faut se vendre, notamment en écrivant des critiques parfois extrêmement hypocrites d'autres ouvrages dans des journaux, et encore plus perdre toute moralité et honneur pour réussir. Contre toute attente, il va réussir brillamment dans ce domaine, perdant tout, jusqu'à sa famille, pourtant à des lieues de Paris, par simple ambition égoïste et désir de vivre dans un luxe toujours plus opulent.
Balzac, et l'on sent qu'il parle en connaisseur, décrit donc, dans le parcours de Lucien, le milieu de la littérature au milieu du XIXème siècle avec beaucoup de verve et de cynisme, ne faisant que montrer à quel point ce milieu est hypocrite et dénué de véritable aspiration poétique quand on veut réussir. L'on sent déjà poindre, dans ce roman, les relents du matérialisme (autant dans la façon dont l'écrivain est considéré que dans les nouvelles méthodes recherchées pour imprimer des livres à plus grande échelle et à moindre coût) qui prône depuis dans notre société : ainsi, ce qui se passait à l'époque de Balzac est bien encore de mise quand on voit ce qu'il en est des "Belles Lettres", où le marketing est plus important que le talent et l'originalité.
C'est pour toutes ces problématiques mises en jeu, pour la façon très violente, mais en même temps touchante, dont est décrite la vie parisienne de Lucien - de l'entrée au Paradis jusqu'à la descente aux Enfers -, que j'ai trouvé ce roman, qui m'a pourtant fait souffrir dans la première partie, magnifique. J'ai donc fini par adorer ma lecture, alors que c'était plus que mal parti (mais je dois être un peu maso). J'ai eu l'impression de lire Zola à partir de cette deuxième partie, dans la manière de raconter l'histoire, même si le style balzacien est quand même trop "littéraire" pour avoir la même force d'évocation que celui de Zola.
Je vais donc découvrir avec plaisir et très bientôt la suite des aventures de Lucien, personnage que j'ai vraiment apprécié, dans Splendeurs et misères des courtisanes.
J'adore tes lectures, je te suis sur livraddict (moi c'est coffeebee. coucou!). Et c'est marrant parce que je viens d'acheter illusions perdues avec splendeurs et misère. Alors ta revue tombe à pic. Tu me donnes envie de me jeter dessus. Je compte lire le Père Goriot d'abord (pour aller dans le sens dans la 'trilogie').
RépondreSupprimerEnfin bref, j'adore ton blog!
Kiss
Et bien que de compliments, merci ! :)
SupprimerTu as raison de commencer par le Père Goriot, autant parce que c'est plus logique que parce qu'il est plus "digeste". Je te souhaite en tout cas de futures bonnes lectures avec les scènes de vie parisienne balzaciennes !