Nationalité de l'auteur : Française
Publication originale : 1990
Publication dans cette édition : juin 2011
Edition : Hachette Pluriel
Nombre de pages : 259 pages
Prix : 7,60 euros
Quatrième de couverture : " On les nommait courtisanes, filles de joie, de nuit, d'allégresse, de
beuglant, d'amour, filles en circulation, filles à parties, à barrière,
pierreuses, soupeuses, marcheuses, cocottes, hétaïres, filles
horizontales, trotteuses, visiteuses d'artistes, lorettes, frisettes,
biches, pieuvres, aquatiques, demi-castors, célibataires joyeuses, vénus
crapuleuses... Même si elle est exemplaire d'une certaine réalité, la
tragique histoire de Nana, d'Émile Zola, ne résume pas la prostitution
au XIXe siècle. Dans ce livre, Laure Adler restitue au quotidien la vie
des prostituées, avec toutes les différences qui séparent la mondaine
entretenue de la prostituée de rue. Au-delà de l'histoire des moeurs, ce
livre cherche à rendre aux prostituées leur dignité. "
J'ai toujours été fascinée par l'image des prostituées, en lien avec mes diverses lectures d'auteurs du XIXème siècle dans lesquelles elles sont omniprésentes. C'est pourquoi j'ai voulu en apprendre davantage sur la véritable histoire de ce monde marginal mais pourtant au centre de nos sociétés depuis la nuit des temps.
Cette découverte de l'ouvrage de Laure Adler a été, de ce point de vue, riche en renseignements : elle a choisi, pour raconter et analyser cet univers entre 1830 et 1930, de dresser une typologie de celui-ci. Dans une première partie, elle revient plus particulièrement sur les courtisanes, ces femmes qui étaient surtout entretenues par un ou plusieurs amants; puis, dans une deuxième partie, sur les maisons closes ou bordels; enfin, dans une dernière partie, sur les filles des rues, pratiquant la prostitution n'importe quand et n'importe où. On découvre très rapidement que ce découpage en parties a aussi un intérêt chronologique, puisque les courtisanes ont laissé place aux maisons closes, qui ont elles-mêmes laissé place à la prostitution de rue - ce qui ne veut pas dire que tout cela ne coexistait pas, mais plutôt que les "modes" se sont transformées -.
Elle s'est de plus, comme dans toute investigation historique, servi de plusieurs supports permettant de mettre en lumière la situation quotidienne des prostituées : la littérature bien sûr, qui reste souvent un très bon moyen de "prendre la température" d'une époque, les archives de police ou de mairie, les lettres retrouvées de certaines filles publiques, etc.
Grâce à tous ces documents, nous nous rendons compte que leur vie était bien plus contraignante qu'elle n'y paraissait : obligation de s'inscrire aux services de police de la ville, de suivre des visites médicales strictes, sous peine d'être arrêtées et envoyées en prison ou à l'hôpital selon les circonstances. Selon les situations (courtisanes, bordels ou prostitution de rue), d'autres obligations tout aussi contraignantes : elles n'étaient bien sûr pas maîtresses de leur argent, encore moins de leur destin. Ainsi, pour arrêter ce métier, il fallait soit se trouver un mari qui devait être accepté comme tel par tous les acteurs du milieu (ce qui n'arrivait quasi jamais), soit s'enfuir en ne laissant aucune trace (ce qui était difficile, et l'on finissait souvent par recommencer ailleurs, faute d'autre métier), soit mourir, tout simplement, de maladie, de coups... Même dans les cas les plus "faciles" de prostituées presques indépendantes, il n'en restait pas moins impossible de sortir de ce milieu - ce qui est d'ailleurs parfaitement montré par Zola avec Nana ou Dumas fils avec La dame aux camélias.
La description de ce quotidien est dans tous les cas sans grande surprise - puisqu'il est le même qu'à l'heure actuelle pour les prostituées - mais malgré tout insupportable : en effet, le contrôle policier censé éviter les abus à l'époque (filles ou garçons bien trop jeunes, souteneurs trop zélés...) n'était déjà qu'un magnifique leurre destiné seulement à sécuriser la populace bourgeoise et aristocratique, et parfois à obtenir pots de vins et passes gratuites...
Les maisons closes est donc un ouvrage qui donne un éclairage très intéressant sur le milieu de la prostitution, montrant que le quotidien des prostituées actuelles est malheureusement en vigueur depuis bien longtemps, et qu'elles ne changeront pas de sitôt...
Interessant d'en apprendre davantage. Comme tu le soulignes même si c'est plus simple de l'aborder en parlant d'une prostitution passée, les choses n'ont pas changé...
RépondreSupprimerTout à fait d'accord, c'est toujours plus simple de parler du passé que de se référer au présent, surtout dans des situations problématiques. J'ai vraiment aimé le travail d'investigation réalisé, on sent que ça a dû prendre du temps !
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