Nouvelle inédite qui vient d'être traduite en français, Un soupçon légitime
évoque la vie d'un homme
que l'on pourrait qualifier de monomaniaque, John Limpley. En effet,
cet homme, quand il est passionné par quelque chose, est obsédé par
cette chose. Ainsi, il va adopter un chien, Ponto, qu'il
va aduler au point d'en faire un vrai tyran dans la maison : il
accepte tous ses caprices, lui offre des jouets, accessoires et aliments
sans commune mesure pour un chien... Jusqu'au jour où la
femme de John tombe enceinte, et que le chien passe au second plan,
ce que celui-ci ne va pas accepter facilement...
Comme
pour toute nouvelle de Zweig, on entre très rapidement et facilement
dans le récit, par l'intermédiaire de
la voix d'une femme âgée, voisine de John Limpley, racontant le
drame qui se noue d'un oeil extérieur. On pense dès les premières pages
aux contes normands de Maupassant, dans la description on
ne peut plus réaliste et simple de la vie quotidienne de voisins
dans la campagne anglaise. Ce qui donne de l'intérêt à cette nouvelle,
c'est le choix d'analyser longuement la psychologie,
d'abord du maître, puis du chien, pour mieux comprendre sa chute.
Mais paradoxalement cette fine analyse psychologique ne rend pas service
au récit puisqu'on devine bien rapidement ce qui va se
produire à la fin, et le plaisir de la surprise propre à la chute
d'une nouvelle est gâchée... Mais le but de cette nouvelle n'est-il pas
de présenter les conséquences funestes de l'obsession
d'un Homme sur son entourage et sur lui-même, au même titre que Le joueur d'échecs ou Vingt-quatre heures de la vie d'une femme ? A ce titre, comprendre la chute rapidement n'a
pas vraiment d'importance...
J'ai
donc trouvé cette nouvelle intéressante, mais c'est loin d'être la
meilleure que j'ai lue de S. Zweig. Elle
a au moins l'avantage de se lire très rapidement, ce qui est
pratique pour un trajet en transports en commun, pour une pause-lecture
devant un sandwich, ou si on a une petite heure à tuer. J'ai
passé un bon moment, mais elle ne restera pas non plus dans mes
annales...
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