Une maison de poupée
raconte l'histoire de Nora, mariée depuis 8 ans à Torvald Helmer, qui
vient d'être
promu directeur de banque. Tout semble leur réussir, en cette veille
de Noël, jusqu'à ce que le passé les rattrape : en effet, il y a
plusieurs années, Nora a dû emprunter de l'argent pour
pouvoir sauver son mari, gravement malade, en l'emmenant dans des
lieux plus cléments pour sa santé, en Italie. Elle a gardé cette affaire
secrète, étant plus qu'inconvenante lorsque réalisée par
une femme mariée à cette époque. C'est cette affaire qui réapparaît
donc en cette période de fêtes, ayant des conséquences désastreuses pour
leur couple, mais plutôt salutaires pour
Nora...
Cette oeuvre théâtrale, la deuxième que je lis d'Henrik Ibsen après Peer Gynt,
est plutôt
révolutionnaire pour le XIXème siècle, ce qui semble être une des
caractéristiques du dramaturge norvégien : en effet, l'intrigue qui est
présentée, au départ on ne peut plus banale, prend une
tournure assez inattendue quant à la réaction finale de Nora. On
sort ainsi du cadre habituel des scènes de vie de ménage ternes et
stéréotypées, assez rébarbatives, pour assister à la naissance
dans la douleur d'une femme, qui fait le choix de la liberté contre
le confort, du libre-arbitre contre la dépendance.
En
ce qui concerne plus particulièrement l'aspect dramatique de la pièce,
elle est parfaitement en adéquation
avec son sujet : trois actes, dans lesquels l'évolution de Nora est
amenée progressivement et efficacement; des répliques tout aussi
efficaces et fluides, permettant aux scènes de ne connaître
aucun temps mort - bien que cette pièce fasse plutôt partie du
théâtre de moeurs, loin d'être le genre réputé pour être fluide -; des
personnages peu nombreux, qui ont ainsi tous un vrai rôle à
jouer; un dénouement qui fonctionne comme une véritable chute,
mettant en évidence ses véritables enjeux : non pas raconter la vie d'un
couple, mais raconter la résurrection d'une femme qui
s'efface de ce couple pour devenir une entité à part entière.
Une maison de poupée est une pièce de théâtre passionnante, résolument avant-gardiste, avec un
personnage féminin, Nora, qui prend de l'assurance au fil des actes, jusqu'à devenir une femme forte, seule maîtresse de sa destinée, enfin
intéressante. Elle est en cela résolument féministe, en critiquant
ouvertement les carcans traditionnalistes qui
aliénent les femmes à cette époque. Cette histoire est de plus
accompagné d'une écriture résolument moderne, donnant beaucoup de
vivacité à une intrigue qui aurait pu être assez lente à lire. Je
demande maintenant ce que cette pièce pourrait donner avec une bonne
mise en scène.
Un grand merci à Myiuki pour le partage de ce livre dans le cadre de son challenge Littératures Nordiques !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire