Jane Eyre (Charlotte Brontë) #2


Titre original : Jane Eyre
Traduction : Sylvère Monod
Nationalité de l'auteur : Anglaise
Publication originale : 1847
Publication dans cette édition : 2012
Edition : Pocket
Nombre de pages : 760
Prix : 3,90 euros
Quatrième de couverture : " Orpheline maltraitée, sans fortune et sans beauté, Jane entre comme gouvernante au manoir de Thornfield, pour s'éprendre du ténébreux Rochester, le maître des lieux. Entraînés par une passion sensuelle et une égale exigence morale, ils envisagent bientôt le mariage. Mais une présence mystérieuse hante ce domaine perdu entre landes et bruyères. Qui est cette femme, cette "folle" recluse dans une mansarde de Thornfield, qui menace leur union ? "


Cela fait maintenant quelques années que je découvre régulièrement des auteurs féminins anglais du XIXème siècle, qui à chaque fois me surprennent en ce qu'elles décrivent, avec beaucoup de sensibilité, mais aussi d'audace pour l'époque, les femmes et leur place dans la société anglaise puritaine où l'homme a tous les pouvoirs et tous les droits sur elles. D'abord Emily Brontë avec son superbe roman Les Hauts de Hurlevent, puis Jane Austen avec son très drôle Orgueil et préjugés (je suis bien moins convaincue par Raison et sentiments, qui sera bientôt l'objet d'une chronique). C'est maintenant au tour de Charlotte Brontë avec Jane Eyre

Une fois n'est pas coutume, j'ai été agréablement surprise par ce roman, puisqu'il fait preuve, comme les deux autres cités auparavant, de beaucoup d'originalité pour l'époque. 
En effet, nous prenons part au récit par l'intermédiaire de son héroïne, Jane Eyre, qui s'exprime à la première personne - ce qui est loin d'être commun venant d'un roman écrit par une femme à l'époque - . Et le choix de cette narration est plus que bienvenu : on s'attache, dès les premières pages, à l'existence difficile de cette pauvre petite fille de 10 ans qui ne trouve pas sa place dans sa famille d'adoption après la mort de ses parents. On souffre avec elle, au début du roman, face à sa détestable tante, Mme Reed, qui la rabroue sans cesse sans raison. Puis on la suit avec plaisir jusqu'à ses premiers vrais instants de bonheur quelques mois après son arrivée à l'Institution Lockwood, institution dans laquelle elle va être éduquée et dans laquelle elle va travailler ensuite comme professeur. Ces deux premières parties du roman nous permettent alors, à la manière d'un récit initiatique, de découvrir sous différents auspices notre personnage et de comprendre comment l'enfant va pouvoir devenir, dans les deux parties suivantes, une jeune femme indépendante, intègre, qui choisit sa vie à chaque instant, quitte à le regretter et à en souffrir par la suite.
Autre point très original, c'est que Jane, de même que Rochester, son maître alors qu'elle est gouvernante à Thornfield, sont loin d'être des personnages communs, tout en beauté et en charme. Au contraire, ils sont même décrits, l'un comme l'autre, comme des êtres assez laids et très peu attirants. Leur passion réciproque naît plutôt d'une entente spirituelle qui leur permet de se retrouver contre toute attente, tels des âmes-sœurs, à la fin du roman, dans une scène magnifique et touchante d'ailleurs. Et que dire d'une passion entre une gouvernante et de son maître, moralement infâme ? Dans une société aristocratique anglaise où prédomine le jeu des apparences, de l'artifice et de l'argent, quoi de tel que ce genre de couples pour casser les stéréotypes ambiants (ce qui est assez gonflé à cette époque, il faut le dire) ?    

Jane Eyre est donc mon gros coup de cœur de ces dernières semaines. Ce roman est remarquablement bien écrit, très riche en descriptions poétiques et sensibles mettant en lumière l'âme humaine dans toute sa complexité - sans être pour autant difficile à lire -, qui plus est avec une intrigue bien ficelée et développée de main de maître. En somme, c'est un roman comme je les affectionne, résolument moderne et passionnant, qui se lit à toute vitesse. Il va désormais prendre place, dans mon panthéon littéraire, à côté de Madame Bovary (c'est pour dire). Jane, comme Emma en son temps, m'a beaucoup touchée, parce qu'elle possède, au même titre que l'héroïne de Flaubert, une personnalité entière et originale dans laquelle je me reconnais grandement.

Pour terminer cette chronique, voici les avis des autres participants à la LC que j'ai donc organisée il y a un peu plus d'un mois : Lynn ; Chinouk ; Lou lit là ; Elahbulle ; Antomilna ; Natojuju ; Zara21 ; reveline ; lectureetcie. 






7 commentaires:

  1. Je regrette de n'avoir pas pu y participer.
    Ton billet a attiré toute mon attention et a répondu aux questions que je me posais sur le style, la "modernité" du texte...
    MERCI!!! je le lis bientôt,ça c'est sûr!.

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    1. Contente que mon billet t'ait été utile ! Je te souhaite en tout cas une future belle lecture.

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  2. Coucou,
    Très belle critique pour une très belle oeuvre ! On a le même avis !

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    1. Magnifique œuvre même ! Je passe voir ton avis ce soir ! ;)

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  3. Ah ! Jane Eyre ! J'adore énormément ce livre que j'ai relu plusieurs fois. Comme tu le soulignes, c'est moderne et originale, loin des stéréotypes de femmes soumises à cette époque. L'histoire est assez tragique mais sans tomber dans le pathos.
    Il faut que je lise les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, depuis le temps qu'il me fait de l'oeil !

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    1. C'est vrai qu'on ne tombe à aucun moment dans le pathos, et ça aussi c'est plaisant ! Les Hauts de Hurlevent j'ai adoré , mais ce n'est pas le même genre, plus inquiétant et fantastique. N'hésite pas à le lire aussi en tout cas, il est excellent !

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  4. Magnifique chronique qui transmet ce que tu as ressenti et ce que j'ai moi-même éprouvé lors de cette lecture. Je suis entièrement d'accord avec toi, Jane Eyre est une excellente oeuvre littéraire. Je la relirai avec beaucoup de plaisir.
    Emily Brontë fait partie de mes prochaines lectures de ce mois-ci :D

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