Trois
parties ("Fanzine", "Trafic", "Tourner mal"), trois récits à la
première personne. Trois frères : Arthur,
l'aîné, Seb, le benjamin et Dominic, le cadet. Un groupe de rock qui
les réunit, ainsi qu'un de leurs amis : les Kid Bombardos. Un roman, La nuit ne dure pas,
écrit par leur oncle,
Olivier Martinelli, qui raconte leur "histoire" (on reste en effet
dans un récit principalement fictionnel, les noms des membres du groupe
ayant été transformés dans le roman). Cette histoire a
comme matrices une passion commune, la musique, mais aussi la
difficulté, pour chacun, de passer de l'adolescence à l'âge adulte,
entraînant la prise de drogues pour Arthur, le désir de fuite
pour Seb, l'envie de mourir pour Dominic.
Au
départ, c'est à partir du site des éditions 13ème Note que je me suis
intéressée à ce roman : sa présentation
m'a donné envie de le lire. Ayant d'ailleurs lu différents textes
publiés dans cette maison d’édition (voir les critiques de No Angel, de Tais-toi ou meurs,
et de bien d'autres à suivre), je me suis demandée pour quelle
raison Olivier Martinelli, seul écrivain français de leur catalogue,
trouvait sa place au milieu d'écrivains principalement anglo-saxons,
dignes descendants de la contre-culture
américaine...
J'ai
assez vite compris d'où venait cette place à la lecture des premières
pages : l''écriture est vive, va au
rythme effréné du rock dont elle dessine les contours. Ces contours
se dessinent d'abord dans les noms de chapitres, chacun étant associé à
des morceaux ou groupes divers et variés (The Velvet
Underground, Bob Dylan, Miossec, Taxi Girl, The Strokes... et bien
sûr Kid Bombardos). Ils se dessinent également dans les descriptions des
instants, nombreux, où le groupe joue : on découvre le
ressenti brut de chaque frère face à ce qu'ils jouent, selon la
place occupée dans le groupe et dans la fratrie, et face à l'alchimie
qui se crée entre leur musique, eux-mêmes et leur
public. L'on sent alors vraiment que cette passion pour le rock est
bien une affaire de famille, puisque derrière les voix des frères
apparaît aussi celle de l'oncle, qui rend par ces choix
d'écriture un bel hommage au rock et à l'univers écorché vif qui en
découle.
Voici
un extrait qui, dès les premières lignes du roman, met en évidence
cette passion, selon le ressenti
d'Arthur : " J'ai senti une profonde déchirure. De sourdes
vibrations ont parcouru ma poitrine. Je me suis tourné vers Dominic. je
n'ai pas eu besoin de mots. J'ai cru voir ses yeux se voiler.
Seb s'est jeté dans notre dos en hurlant "Putain, c'est trop bien".
Il avait le sourire jusqu'aux oreilles. Une mélodie céleste a déchiré le
magma sonore. Une onde brûlante m'a caressé l'échine.
Et j'ai su que je n'avais plus le choix. Mon futur était là, face à
moi. C'était trois ombres sur une scène. Une guitare, une basse, une
batterie. La musique n'avait besoin de rien d'autre. Une
guitare, une basse, une batterie... la sainte Trinité".
Ce
que j'ai aussi particulièrement apprécié, c'est le mélange entre
fiction et réalité présent dans ce récit. A
tout moment, on s'amuse à chercher, (comme quand on lit Bukowski,
Burroughs Sr ou Jr, John ou Dan Fante, etc.), ce qui fait partie de la
réalité des évènements, ou ce qui fait en fin de compte
partie du travail d'imagination et de recréation de ces évènements
par le romancier. Par ce travail d'imagination, on dépasse justement la
simple "histoire" des Kid Bombardos pour entrer en
contact avec la nouvelle scène rock française en général : mode de
vie, précoccupations, envies...
Un
roman que j'ai donc trouvé passionnant, avec une écriture qui prend aux
tripes, à la fois vivante et
poétique, et qui donne une place de choix au rock, le style musical
qui a bercé mon enfance et mon adolescence, qui berce et bercera encore
longtemps ma vie d'adulte.
Olivier Martinelli est en tout cas un écrivain que je vais désormais suivre de très près. Je pense d'ailleurs me
procurer très prochainement d'autres de ses écrits, notamment Tapage Nocturne, aux éditions Antidata, recueil dans lequel il a publié une nouvelle, et qui me permettra, par la même
occasion, de découvrir d'autres auteurs français contemporains.
J'en profite pour remettre le lien des éditions 13ème Note,
où je vous conseille d'aller jeter un oeil !
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