Je vais aujourd'hui parler d'une de mes plus grandes rencontres musicales qui a commencé à forger ma culture
rock alors que j'avais une quinzaine d'années (moment nostalgie ^^) : le grunge.
Pour la petite histoire, c'est une tendance qui a débuté au début des années 1980, surtout à
Seattle, du fait de la création d'un label indépendant, Sub Pop, dans cette ville. Le
grunge tire principalement ses
origines du punk, du rock indépendant et du heavy metal, dont il
s'inspire fortement, mais il va vite se créer une identité propre au fil
des années. Ce qui le caractérise : un son assez "sale"
et lourd, une rythmique plutôt rapide - même si les différences sont
énormes selon les groupes, par exemple Pearl Jam qui est beaucoup plus
mélodique que les autres -. Ce mouvement va néanmoins se populariser seulement en 1991 avec la sortie de Nevermind, album de Nirvana et de grunge le plus
célèbre encore à l'heure actuelle - bien qu'il soit pour moi loin d'être le meilleur -.
Vu
le nombre important de groupes, j'ai dû faire une sélection
draconnienne selon mes connaissances et mes goûts
: ne m'en tenez donc pas rigueur si il manque certains noms à
l'appel qui vous semblent indispensables à évoquer (je pense notamment
aux Melvins, un des groupes fondateurs, mais que je ne connais
pas encore suffisamment pour en faire part dans cette chronique).
J'ai sélectionné en tout cas 10 groupes qui me semblent avoir une place
importante dans l'histoire ou dans l'évolution de ce
genre musical.
Tout d'abord, Sonic Youth, que l'on peut qualifier de pré-grunge, formé
en 1981 et originaire de New York. Sa particularité - que nous
retrouverons
avec The Pixies, c'est d'avoir deux voix au chant, avec Kim Gordon
et Thurston Moore. Ce qui est remarquable quant à leur style, outre ces
deux voix, c'est l'omniprésence de morceaux aux mélodies
lancinantes et rapides. Pour ma part, j'ai une préférence pour ceux
interprétés par Kim Gordon, qui a une voix d'une grande justesse, à la
fois grave et un peu cassée qui lui donne beaucoup de
charme. A noter que Sonic Youth est un des rares groupes de grunge à
avoir continé sa carrière jusqu'il y a peu de temps.
En écoute, "Kool Thing", issu de Goo (1990):
Venons-en
maintenant à Soundgarden, groupe formé en 1984 à Seattle, dont on
retient surtout le nom de son frontman, Chris
Cornell. Ceci s'explique principalement car il possède une voix
reconnaissable entre mille, éraillée, puissante et, comme Kim Gordon,
d'une grande justesse. A cette voix s'ajoute un son beaucoup
plus lourd que celui de Sonic Youth, mettant plus en évidence les
influences heavy metal du grunge. Après une grande période de séparation
à partir de 1995, pendant laquelle les membres ont
enchaîné les projets solo ou avec d'autres groupes (Chris Cornell a
notamment formé avec les membres restants de Rage Against The Machine
Audioslave), Soundgarden s'est reformé en 2010, a joué un
concert sous l'anagramme Nudedragons, et a sorti un album live.
En écoute, "Black Hole Sun", issu de Superunknown (1994), morceau le plus célèbre du groupe et de loin
mon préféré :
Groupe
que j'ai découvert sur le tard, Screaming Trees s'est quant à lui formé
en 1985, à Ellensburg, sous la houlette de Mark Lanegan. Contrairement
aux autres, il n'a connu qu'une notoriété moindre, mais a inspiré
nombre de ceux qui l'ont suivi, notamment grâce à des influences rock
plus "classiques" issues des années 1960-1970. Après
une séparation en 2000, Mark Lanegan a fait son bonhomme de chemin
avec Queens Of The Stone Age et en solo (voir mes chroniques plus
détaillées ici et là).
En écoute, "More or less", issu de Sweet Oblivion (1992) :
Autre
groupe important pour le grunge, bien qu'originaire de Boston, The
Pixies, formé en 1986, avec à sa tête Black Francis. C'est plus
l'influence punk-rock qui se fait
remarquer au fil de leurs morceaux, auquel s'ajoute, comme je le
précisais plus haut, le mélange des voix de Black Francis (plutôt aiguë
et lisse, au contraire des compères précédemment cités) et
de Kim Deal. Une fois n'est pas coutume, le groupe s'est aussi
séparé en 1994 pour se reformer en 2004; ils sont toujours en activité
depuis.
En écoute, "Where is my mind ?", issu de Surfer Rosa And Come On Pilgrim (1988) qui est devenu célèbre
à la suite de son apparition dans la fin de Fight Club (David Fincher) :
Autre monument du grunge, Alice in Chains, qui s'est formé en 1987,
également à Seattle, sous l'égide de Layne
Staley et de Jerry Cantrell. A l'instar de Soundgarden, c'est
l'influence heavy metal qui se ressent le plus chez eux grâce à des
rythmes plutôt lents et à un son assez lourd. Vocalement, Layne
Staley apporte une touche mélodique voire aérienne à des morceaux
souvent oppressants et sombres. Pour ne pas changer les bonnes
habitudes, Alice in Chains s'est aussi séparé officiellement en
2002 (après la mort de Layne Staley) pour se reformer avec un
nouveau line-up en 2005.
En écoute, "Man in the box" issu de Facelift (1990) :
On
passe maintenant au groupe le plus populaire du grunge, Nirvana bien
sûr, formé aussi en 1987, à Aberdeen,
par Kurt Cobain et Krist Novoselic - ils seront rejoints à la
batterie en 1990 par Dave Grohl en remplacement de Chad Channing -. Ce
qui a fait leur succès je pense, c'est l'esprit punk qui
se dégage autant de leurs morceaux (trois accords, chant anarchique
s'accompagnant parfois de braillements, comme dans "Endless Nameless" ou
"Tourette's") que de leurs concerts (destruction des
instruments, comportement plus que limite, déguisements..). Mais il
ne faut pas en rester là car Nirvana sait aussi faire preuve de
recherche musicale, ce qui se ressent le plus dans leur dernier
album, In Utero, avec des morceaux bien plus travaillés.
Pas de séparation en ce qui les concerne, puisque c'est la mort de Kurt
Cobain en avril 1994 qui mettra fin à leur aventure.
Krist Novoselic et Dave Grohl ont cependant continué à oeuvrer
musicalement depuis, surtout ce dernier qui est à l'origine de Foo
Fighters, sur lequel je reviendrai à la fin de cette chronique.
En écoute, "Heart Shaped Box", issu d'In Utero (1983), le meilleur album à mon sens :
Enième
groupe formé en 1987, The Smashing Pumpkins provient quant à lui de
Chicago. A son origine, Billy Corgan,
chanteur, et James Iha, guitariste. Même si les albums de The
Smashing Pumpkins font preuve de beaucoup plus de recherche musicale et
vocale que Nirvana, - en effet, Billy Corgan chante assez
juste, contrairement à Kurt Cobain ^^ -, je n'ai jamais pu
m'empêcher de rapprocher ces deux groupes pour leur côté énergique et
punk, pas toujours aussi présent dans ceux précédemment cités -
c'est cependant Billy Corgan et ses acolytes qui a ma préférence à
Nirvana. A l'heure actuelle, le groupe est toujours en activité, après
une séparation entre 2000 et 2005, mais il n'y reste que
son frontman et chanteur, et bien peu du grunge des débuts : j'ai
arrêté de le suivre il y a bien longtemps.
En visionnage, "Bullet with butterfly wings", issu de Mellon Collie And The Infinite Sadness (1995)
:
Groupe
peut-être bien le plus cohérent en terme de carrière - il y a seulement
eu des changements de batteurs jusqu'en 1998, et surtout aucune
séparation,
ça se fête ! -, Pearl Jam s'est formé en 1990 à Seattle. Ce qui le
démarque du reste de la scène grunge, c'est un son et une voix
fondamentalement rock, plus calmes et mélodieux, bien que
novateurs. Il n'en reste pas moins un des plus éminents groupes de
cette scène, notamment grâce à son chanteur Eddie Vedder, tout en
délicatesse et en justesse, auteur également en solo d'une
magnifique bande originale pour Into The Wild (Sean Penn).
En écoute, "Rearviewmirror", issu de Vs. (1993) :
Passons
maintenant à l'héritage du grunge, avec un groupe cette fois australien
formé en 1992, Silverchair. A l'origine du trio, trois camarades
de classe de 16 ans au moment de la sortie de leur premier album en
1995, Frogstomp. Si je parle d'héritage, c'est justement parce
qu'on sent chez eux l'influence de ceux que j'ai cités
précédemment dans leurs morceaux, principalement Nirvana. Néanmoins,
ces influences sont suffisamment bien digérées pour ne pas obtenir une
simple copie des prédécesseurs : ce premier album fait
en effet preuve de maturité, d'originalité, de fraîcheur et de
travail pour des musiciens de cet âge. A l'heure actuelle, le groupe est
toujours en activité, même s'il n'a pas sorti d'albums
depuis longtemps : je dois dire que j'ai arrêté d'écouter après le
deuxième, Freak Show, que j'avais trouvé moins bien convaincant.
En écoute, "Israel'son", issu de Frogstomp (1995) :
Pour terminer cette chronique, il me semblait intéressant de dire
quelques mots sur Foo Fighters, le groupe qu'a formé Dave Grohl - qui
officie
désormais au chant et à la guitare, même si il lui arrive souvent de
retourner derrière les fûts - en 1995, à Seattle, après la mort de Kurt
Cobain. Certes, l'héritage grunge est bien loin quand
on écoute les derniers albums (un tournant bien plus rock a été en
effet fait), mais les premiers, comme l'éponyme de 1995 ou The Colour And The Shape
de 1997, ont encore une empreinte
Nirvanesque, avec des morceaux vifs et violents, autant vocalement
que musicalement. Dave Grohl a en tout cas réussi un coup de maître en
s'imposant au fil de sa carrière au sein de Foo Fighters
comme un frontman, et non plus comme un simple batteur derrière
l'ombre de Kurt Cobain, ce qui n'est pas donné à tout le monde. A noter
la sortie du dernier album en 2011, Wasting
Lights, qui est ma foi fort sympathique.
En écoute, "Everlong", issu de The Colour And The Shape (1997) :
Voilà
donc mon bref panorama, je l'avoue très subjectif, de la scène grunge,
qui j'espère vous permettra des
découvertes, voire des redécouvertes : parce que ça fait toujours du
bien de se replonger dans les premiers vacillements de formation d'une
culture personnelle permis par l'adolescence !
:)
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