Le pianiste (Wladislaw Szpilman)



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Titre original : The Pianist  
Nationalité de l'auteur : Polonaise 
Publication originale : 1946 (version revue en 1998) 
Publication de cette édition : avril 2003 
Edition : Pocket 
Nombre de pages : 253
Prix : 6,70 euros
Quatrième de couverture : Septembre 1939. L'invasion de la Pologne, décrétée par Hitler, vient déclencher la Seconde Guerre mondiale. Varsovie est écrasée sous les bombes ; à la radio résonnent les derniers accords d'un nocturne de Chopin. Le pianiste Wladyslaw Szpilman est contraint de rejoindre le ghetto nazi recréé au cœur de la ville. Là, il va subir l'horreur au quotidien, avec la menace permanente de la déportation. Miraculeusement rescapé de l'enfer, grâce à un officier allemand mélomane, le pianiste témoigne au lendemain de la victoire alliée...  
 
 
Ce qui donne sa première particularité à ce témoignage de Wladislaw Szpilman, par rapport à tous ceux réalisés sur cette époque, c'est qu'il a été publié en 1946, sous-entendant que son auteur l'a écrit immédiatement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Cette particularité se ressent immédiatement dans la façon dont il décrit la chute de Varsovie, et par la même occasion sa propre chute, de la création du ghetto juif jusqu'à la libération de la capitale polonaise par l'armée soviétique : il porte en effet sur tous ces évènements un regard assez distant, qui peut même choquer au premier abord. Rien de plus "normal" pourrait-on dire, puisque ces évènements sont tellement frais pour lui qu'il est, il me semble, difficile d'en parler autrement sans avoir envie de se jeter par une fenêtre... Les descriptions de certaines scènes - exécutions sommaires de juifs choisis aléatoirement dans le ghetto devant les autres, ravages des épidémies en tout genre en raison de la misère des habitants de ce même ghetto, remplissage des trains de bétail pour le départ dans les camps - , très précises et visuelles, nous entrent en tête comme un violent coup de poignard, où l'on prend conscience de leur horreur et de leur violence, comme si l'on assistait au visionnage d'archives d'époque.
En voici un exemple : " Le taux de mortalité était si élevé que le ghetto n'était pas en mesure d'enterrer ses morts assez vite. Mais comme il était exclu de les garder dans les maisons, une solution intermédiaire avait été trouvée : dépouillés de leurs vêtements - trop nécessaires aux vivants pour être laissés - , ils étaient abandonnés sur le trottoir, enveloppés de papier journal. Là, ils attendaient souvent des jours entiers avant que les véhicules du Conseil passent les ramasser et les conduisent aux fosses communes du cimetière. [...] J'étais l'un des derniers à quitter l'établissement avec le gérant, une fois que les comptes de la journée avaient été établis et que j'avais empoché mon dû. Les rues étaient plongées dans l'obscurité, presque désertes. Torche allumée en main, je prenais garde de ne pas trébucher sur les cadavres tandis que le vent glacial de janvier m'écorchait la figure ou me poussait en avant, froissant et soulevant leur linceul de papier, exposant ici et là des tibias desséchés, des ventres faméliques, des visages mangés par les dents nues, les yeux grands ouverts sur le néant".
 
Autre particularité : ce témoignage ne décrit pas la vie dans les camps de concentration et d'extermination nazis, mais à l'intérieur du ghetto, puis de tout Varsovie : en effet, Szpilman va réussir à échapper aux camps de la mort, en assistant par contre, impuissant et désespéré, au départ de toute sa famille vers cette destination funeste. C'est donc dans ce contexte qu'il va survivre tant bien que mal aux rafles de la Gestapo et de la police du ghetto, à la faim et à la soif, aux maladies, aux bombardements, à la solitude pesante, en étant notamment aidé par des amis, mais aussi, contre toute attente, par un officier allemand féru de musique classique et loind d'être d'accord avec la politique nazie contre les Juifs. 
 

Le pianiste est un témoignage que j'ai trouvé d'abord intéressant, autant pour son aspect documentaire que pour la façon assez inattendue dont Szpilman raconte les évènements qui l'ont ébranlés tout au long de la Seconde Guerre Mondiale, preuve de son traumatisme encore latent au moment il a choisi d'écrire son témoignage. Celui-ci n'en reste pas moins très poignant, puisque l'on suit avec beaucoup d'indignation et d'horreur la descente dans la misère physique et psychique de cet homme, et par delà de tout son peuple dont il assiste, impuissant, à l'extermination...
Je crois que je vais prochainement revoir le magnifique film adapté de ce témoignage réalisé par Roman Polanski dans lequel j'avais d'ailleurs trouvé Adrian Brody époustouflant en Szpilman !  

 
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